A cinq jours seulement des premiers matchs du tableau final de l’Open d’Australie 2020, l’heure est venue de faire ses jeux. Une certitude : dans moins de trois semaines, la saison tennistique qui s’ouvre aura déjà pris forme, l’issue du premier Grand Chelem s’annonçant éclairante.
De façon très nette, un favori se détache : le numéro deux mondial, Novak Djokovic. Vainqueur, avec la Serbie, de la première édition de l’ATP Cup, il a gagné tous ses matchs, dominant notamment Daniil Medvedev en demi-finale (6 / 1, 5 / 7, 6 / 4) puis Rafael Nadal en finale (6 / 2, 7 / 6 (4)). Difficile de trouver meilleurs augures. Intense et concentré, Novak a montré son meilleure visage durant ce tournoi d’ouverture, dont il a pleinement profité. La façon dont il a dominé Rafa dans le premier set et celle dont il a su, bien qu’en difficulté, bouclé le tie-break du second, en disent long sur son niveau de jeu actuel et sur son acuité mentale.
Derrière Novak, cinq joueurs semblent à même de jouer les premiers rôles, si ce n’est de triompher : Rafael Nadal, Roger Federer, Daniil Medvedev, Dominic Thiem et Stefanos Tsitsipas. Bien qu’ayant subi deux défaites à l’ATP Cup, le premier, finaliste de l’Open d’Australie l’an passé et tenant du titre à Flushing Meadows, a montré à quel point il pouvait être performant sur dur, s’y montrât-il moins régulier que sur terre battue, où il dispose d’une marge nettement supérieure. Son second set contre Novak fut impressionnant et l’on sait quelle est sa force dans les matchs qui se jouent en trois sets gagnants, quand son physique ne le trahit pas. Roger Federer, lui, arrive sans référence mais totalement frais en Australie, ce qui lui sied généralement. Il a en outre, comme les deux joueurs qui le précédent au classement, une expérience exceptionnelle des rencontres qui se jouent au meilleur des cinq manches. Enfin, intrinsèquement, il reste l’un des tout meilleurs joueurs du circuit, sans contredit. Néanmoins, la constance en Grand Chelem de Roger a baissé depuis des années, qu’on l’impute à son physique ou à son mental, potentiellement émoussés. On ne peut, de ce fait, le placer exactement au même rang que Rafa. On le peut, en revanche, quant à Daniil Medvedev. Finaliste épique du dernier US Open et auteur avant d’un été américain fracassant, le jeune Russe a tout en main pour triompher à Melbourne. Il adore jouer sur dur, a déjà battu deux fois Djokovic et sait l’art de brouiller les cartes, de renverser le cours des matchs mal engagés. Son dernier match contre le Serbe l’a démontré une nouvelle fois, l’a-t-il perdu en fin de compte. Dominic Thiem, de son côté, se tient sur la même ligne que lui et Nadal, virtuellement. Ayant haussé son niveau de jeu sur dur, comme l’ont montré les derniers Masters, dont il a atteint la finale, son expérience en Grand Chelem est notable, étant donné qu’il a déjà atteint à deux reprises la finale de Roland-Garros. Sa puissance en fond de court, associée à sa rigueur, devrait faire de nouveaux ravages dès maintenant. Stefanos Tsitsipas, enfin, est lui aussi sur la ligne théorique qu’on vient de définir. Athlétique, très complet, doté d’un mental de champion – il a d’ores et déjà vaincu les meilleurs joueurs du monde -, il est évident qu’il faudra compter avec lui. Sa haine de la défaite est totale – son dernier match en date, contre Nick Kyrgios, en témoigne – et son ambition tout autant, qu’il a clairement affichée. Il pourrait bien, dès cette année, tout comme Daniil Medvedev, remporter son premier Grand Chelem.
Pour finir, parmi les outsiders de choix, trois noms se dégagent selon nous, auxquels on pourrait sans doute en ajouter d’autres : ceux d’Alexander Zverev, de Roberto Bautista-Agut et de Nick Kyrgios, pour des raisons différentes. Plaident en la faveur du premier sa puissance et ses victoires marquantes, dont celle aux Masters en 2019. En la faveur du second, sa constance et sa résilience, aptes à gêner tous les joueurs. Plaident enfin en la faveur du troisième son service et son aptitude à serrer le jeu quand il affronte les meilleurs.
GS, le 14 / 1 / 2020