Bilan de l’open d’Australie

Une semaine après la fin de la première levée du Grand Chelem de l’année, à Melbourne, un bref bilan peut être fait.

Celui-ci ne peut que commencer par un fait qui tient de l’évidence : une fois plus, dans ce tournoi majeur, Novak Djokovic s’est montré le plus solide. Sa victoire est pleinement méritée. La façon dont il a déjoué la menace que faisait planer Milos Raonic en quart de finale a rappelé que le Serbe est le meilleur relanceur du monde, sans conteste. Et sa victoire finale, face à Dominic Thiem, en cinq sets, après avoir été mené deux sets à un, qu’il dispose d’un mental hors-norme, d’une soif de vaincre à toute épreuve. Car, la première manche mise à part, on ne peut pas dire que Novak a dicté le match, ni même qu’il l’a contrôlé – à tout le moins, pas totalement. S’il a su faire basculer en sa faveur quelques points clés, notamment sur des balles de break en sa défaveur en faisant service-volée, et s’il a su comme souvent faire parler dans la longueur sa volonté en titane, Dominic Thiem l’a inquiété, et n’eût-il pas montré des signes d’émoussement dans les deux dernières manches, peut-être aurait-il même pu dominer celui qui est redevenu premier mondial. En effet, condamné à attaquer dès que possible pour battre Djokovic, il l’est par là même également à être impeccable physiquement, sous peine de multiplier les fautes directes – ce qu’il a fait, justement, durant le dernier tiers de la rencontre. Au niveau auquel évoluent ces deux joueurs, la moindre baisse de tonus se traduit immédiatement par un placement moins rigoureux et des frappes moins compactes. Et c’est bien ce que l’on a vu à la fin du côté de Thiem, auquel beaucoup de balles échappèrent. De toute évidence, l’intensité et la durée de ses deux  matchs précédents ont pesé dans la balance. Quoi qu’il en soit, nous tenons là, dans ce très bon résultat de l’Autrichien, finaliste pour la première fois de sa carrière d’un Grand Chelem sur dur, le second fait marquant du dernier Open d’Australie.

Les suivants peuvent être notés plus vite et tiennent aux performances respectives de Roger Federer et de Rafael Nadal. Si tous deux ont effectué un tournoi correct, ils ont malgré tout révélé des limites. Celles de l’Helvète ont été clairement physiques (Roger s’est en effet blessé aux adducteurs) et celles du second essentiellement dues au fait que son jeu ne lui offre pas sur dur la même marge de manœuvre que sur ocre. Face à un Dominic Thiem des grands jours, l’Espagnol n’a pas pu prendre le dessus dans les tie-breaks qui ont départagé les deux joueurs, quand même il n’en fut pas loin. De la sorte, ainsi que Federer, Rafa se retrouve-t-il dans une dynamique compliquée au regard du duel à distance qu’il livre à Novak Djokovic. Pour être encore trois longueurs derrière le Suisse et deux derrière le Majorquin, le Serbe s’en rapproche comme jamais, mieux lancé qu’eux en ce début de saison.

Les derniers enseignements du Grand Chelem australien concernent les meilleurs joueurs de la Next Gen, qui globalement ont répondu présent. Si l’un d’eux a failli – Stefanos Tsitsipas, pour le nommer -, il est tombé contre Raonic, qui était en pleine possession de ses moyens à Melbourne. Et il y a fort à parier qu’il saura méditer son échec pour revenir encore plus fort. Quant aux autres, leur parcours dans le tournoi n’a rien de décevant : Alexander Zverev s’est hissé en demi-finale, où il n’a pas démérité ; Daniil Medvedev a rendu les armes en huitième de finale mais en cinq sets et surtout contre Stanislas Wawrinka ; enfin, Nick Kyrgios est sorti au même stade du tournoi en quatre manches serrées contre Rafael Nadal. Encore un peu justes à Melbourne, ceux qui devraient être les champions de demain pourraient bien ne plus l’être assez vite.

GS, le 9 / 2 / 2020