Le jardin d’Eden

En un sens, pour les joueurs de l’ATP tour et les amateurs qui les suivent, le tournoi de Wimbledon figure un jardin d’Eden. Son court central est en effet tenu par certains pour le temple du tennis, ce que le décorum ambiant (reine en tribune, tenues blanches immaculées) n’infirme en rien, non plus que quelques matchs légendaires qui s’y sont déroulés, dont ceux des finales de 1990 et de 2008, par exemple, qui virent respectivement Stefan Edberg et Rafael Nadal vaincre Boris Becker et Roger Federer en cinq sets, dans des ambiances franchement olympiennes.

Quelle sera la finale cette année ? Quelle affiche nous sera proposée dans deux semaines avant de se diriger vers l’été americain ? Difficile à dire. L’herbe, plus que toute autre, est une surface imprévisible, au point que n’importe qui peut disparaître face à un joueur bouillant au service et qui joue son va-tout sur chaque point. Néanmoins, il est facile d’avancer deux noms qui semblent au-dessus de la mêlée : ceux de Novak Djokovic et de Roger Federer, recordman absolu du nombre de titres ravis à Wimbledon (huit au total). Le joueur serbe, n’était sa défaite en demi-finale à Roland-Garros, contre Thiem, s’est montré irrésistible en Grand Chelem depuis un an, quand l’Helvète vient de remporter un dixième trophée à Halle, sur gazon, à l’issue d’une belle finale. Or, comme les deux hommes se trouvent à l’opposé dans le tableau, et compte tenu de la facilité apparente des premiers tours que celui-ci leur promet, il est assez tentant de les imaginer s’affronter une fois de plus en finale, tant qu’à faire de façon disputée, brillamment haletante.

Sauf que rien n’est fait, d’évidence, certains joueurs étant capables de faire pièce à cette finale, en tête desquels Dominic Thiem, Stefanos Tsitsipas, Alexander Zverev, Marin Cilic ou encore Milos Raonic, à peu près à parts égales. Et bien sûr Rafael Nadal, si son corps le laisse tranquille et s’il parvient à se défaire de Nick Kyrgios au second tour, parfaitement redoutable sur herbe. Au surplus, quand bien même Roger et Novak parviendraient à s’extraire des pièges que pourrait leur tendre le tournoi, rien n’assure que leur duel comblera nos attentes si l’on se fie à la domination que le second a assise au fil du temps dans leurs face-à-face récurrents, le plus souvent électriques. Factuellement, en ne prenant en compte que Wimbledon, le « Joker » a de fait eu raison de son prestigieux aîné les deux fois où ils se sont joués en finale, en 2014 et en 2015, certes au terme de rencontres accrochées, lors desquelles la fraîcheur, pour finir, fut toujours du côté du Serbe. Cependant la forme actuelle du « Maestro », le match qu’il a livré contre Novak à Bercy en fin d’année dernière, perdu d’un cheveu, au tie-break du troisième set (7 / 6 (6), 5 / 7  7 / 6 (3)), autorise l’espoir d’une énième rencontre d’anthologie entre ces deux champions aux tennis si spectaculaires.

GS, le 30 / 6 / 2019

2 réflexions sur « Le jardin d’Eden »

  1. Quand il aura vaincu Nadal au deuxième tour, j’espère que Nick ira de son petit geste familier pour enterrer la hache de guerre. Je suis sûr que l’Espagnol y sera sensible.

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    1. Quel gentleman, ce Nick ! Mais s’il constitue une vraie menace pour Rafa, il ne l’a pas encore enterré 😉 C’est en tous cas le match à voir au début du tournoi, et qui en dira long sur le niveau de Nadal.

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